Soixante ans du circuit Bugatti – Pilotes, souvenirs et anecdotes
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Soixante ans du circuit Bugatti – Pilotes, souvenirs et anecdotes

Sorti de terre en 1965 et inauguré l’année suivante, le circuit Bugatti a accueilli de nombreuses disciplines au fil de son histoire. Souvenirs croisés de pilotes autour de trois rendez-vous majeurs : les 24 Heures Motos, le Grand Prix de France Moto et les 24 Heures Camions.

En premier lieu vient spontanément à l’esprit la fascination du label « Le Mans », dont le circuit Bugatti enrichit l’histoire depuis maintenant six décennies. Pour Téo Calvet, vainqueur des deux dernières éditions des 24 Heures Camions, « faire partie des compétitions qui roulent au Mans, c’est mythique et ça rend l’événement encore plus unique. Le Bugatti est un circuit très fun, avec beaucoup de possibilités de dépassement ».

Au-delà du mythe, le circuit Bugatti est aussi riche de spécificités que les 13.6 kilomètres du circuit des 24 Heures. « C’est un des plus beaux circuits du calendrier, avec bien sûr la Dunlop, de beaux enchaînements, une piste très large qui permet un pilotage un peu audacieux, et aussi à deux camions de rouler de front », indique Jennifer Janiec, habituée des 24 Heures Camions. « C’est un circuit un peu ‘stop-and-go’, avec beaucoup de gros freinages et d’accélérations, et beaucoup de contraintes au freinage sur les poignets, les épaules et le dos, il vaut donc mieux éviter d'avoir des problèmes de ce côté-là », ajoute Vincent Philippe, trois fois victorieux aux 24 Heures Motos. Ce que confirme le pilote-journaliste David Dumain, qui les a disputées à neuf reprises : « Le Mans est effectivement un circuit de gros freinages, celui où j’ai le plus souffert des avant-bras, mais je le trouve moins difficile que Magny-Cours. Au Mans, il y a aussi la courbe Dunlop. La ligne droite des stands se transforme en virage relevé et il faut bien négocier la Dunlop pour conditionner le reste du tour. »

"Pour Valentino Rossi, « on roule entre deux murs de public » sur le circuit Bugatti."
David Dumain, journaliste, pilote et ancien commentateur MotoGP

David Dumain a connu une double vie sur le Bugatti : pilote et commentateur du Championnat du monde MotoGP trois saisons durant, de 2019 à 2021. Et a ainsi pu recueillir quelques impressions d’anciens vainqueurs du Grand Prix de France : « Valentino Rossi a dit qu’au Bugatti, on roule ‘entre deux murs de public’, notamment dans la ligne droite des stands. Et pour Jack Miller, le Chemin aux bœufs est plus technique qu’il n’y paraît. Pour les pilotes, le Grand Prix de France est aussi une course particulière pour la place faite au public. Il y a toujours énormément de monde, dans les campings, les tribunes, la Fan Zone, le paddock. »

Le circuit Bugatti évoque aussi pour chacun de grands souvenirs, qu’ils soient personnels ou liés à la compétition. Pour David Dumain, c’est un attachement au long cours : « J’ai fait mes tout premiers tours sur le Bugatti en 1999 en Challenge One Supermotard sur une Husqvarna 610, en guise de préparation pour le Bol d’or. C’est le circuit qui me procure le plus d’émotions, à la fois à vivre et à regarder, et où j’ai le plus de plaisir à regarder passer les motos. Quand je commentais le MotoGP, il y avait des circuits où on pouvait confondre les virages. Au Mans, je ne pouvais jamais me tromper, notamment lors des chutes. Je reconnaissais les virages à la couleur du gravier. En 2021, le double podium de Johann Zarco et Fabio Quartararo (respectivement 2e et 3e derrière l’Australien Jack Miller, NDLR) a été un moment très fort. Et aussi une certaine frustration, car j’avais très envie d’aller les applaudir, mais j’étais en direct en cabine de commentaire alors que le podium se trouve à l’autre bout de la ligne droite des stands ».

"Le circuit Bugatti a changé ma vie quand j’ai remporté les 24 Heures Camions en 1996."
Fabien Calvet, président de la commission Camions de la Fédération Française du Sport Automobile

D’autres y partagent une belle histoire de famille. Pour Fabien Calvet, « c’est bien simple : dans ma carrière de pilote, le circuit Bugatti a changé ma vie quand j’ai remporté les 24 Heures Camions en 1996. A l’époque, j’étais en quelque sorte un gentleman-driver qui courait contre des professionnels, mais j’avais le désir d’en faire mon métier. J’ai décroché un sponsor en 1996, et ma victoire m’a fait changer de dimension, ce qui m’a permis de passer professionnel en 1997. » Une lignée victorieuse poursuivie par son fils Téo en 2023 et 2024, qui a notamment construit son succès lors de la création des épreuves de nuit : « quand l’organisation a ajouté des courses de nuit au programme des 24 Heures Camions, je me suis dit que c’était un enjeu de plus que j’ai eu tout de suite envie d’ajouter à mon palmarès. Ce fut une découverte totale, avec un gros changement de conditions de piste notamment par rapport à la température. Et l’ambiance est extraordinaire avec la compétition, le bruit, la foule. »

Ce rendez-vous nocturne des 24 Heures Camions a également enthousiasmé Jennifer Janiec : « c’est quelque chose que l’on souhaitait et qui était déjà envisagé depuis quelques années. C’est une très belle expérience, les repères sont différents, du point de vue physique il faut aussi savoir rester en forme toute la journée car on commence à rouler très tôt le samedi matin. Lors de ma première course de nuit, je suis tout de même restée vigilante dans les trois premiers virages. »

Outre ses soixante ans, le circuit Bugatti est en 2025 au cœur de multiples anniversaires. Après la 48e édition des 24 Heures Motos du 17 au 20 avril, il fêtera du 9 au 11 mai 25 années de présence du Grand Prix de France MotoGP puis, les 20 et 21 septembre, la quarantième édition des 24 Heures Camions. « C’est la plus grosse course de l’année et comme il s’agit de la quarantième édition, je pense que les organisateurs vont proposer un événement encore plus important, anticipe Jennifer Janiec en guise de conclusion. Cette année, je vais essayer de me rapprocher du top 10 car j’ai eu pas mal d’ennuis en 2024 pour un souci d’injecteur, j’espère que le camion sera un peu plus gentil avec moi cette année ! (sourire) »

PHOTOS (DE HAUT EN BAS) : Vincent Philippe (n°1, lors de sa victoire aux 24 Heures Motos 2014), Téo Calvet en 2023 pour sa première victoire aux 24 Heures Camions, David Dumain (n°63, aux 24 Heures Motos 2013) et Jennifer Janiec, deux disciplines, deux courses (24 Heures Motos et 24 Heures Camions) et quatre évocations du circuit Bugatti.