Soixante ans du circuit Bugatti – 24 Heures Camions, un univers singulier
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Soixante ans du circuit Bugatti – 24 Heures Camions, un univers singulier

Sorti de terre en 1965 et inauguré l’année suivante, le circuit Bugatti sera les 20 et 21 septembre prochains le théâtre de la 40e édition des 24 Heures Camions. Un événement qui a su se forger une place très spécifique, entre grand spectacle en piste, rendez-vous des professionnels des transports routiers et popularité toujours croissante.

Créées en 1981, les 24 Heures Camions sont nées de la conjonction entre Jean-Pierre Moreau, directeur sports de l’ACO à cette époque, et deux personnalités du monde de la radio : le journaliste Michel Leblanc, longtemps rédacteur en chef de RTL, et l’un de ses animateurs Max Meynier, créateur de l’émission Les routiers sont sympas, diffusée chaque soir entre 20 h 30 et minuit de 1972 à 1983.

« Au début, nous avons bénéficié de l’aide de la société de transport d’André Robineau, basée à Soulitré (à une vingtaine de kilomètres du Mans, NDLR) qui nous a prêté des camions et des remorques », raconte Hervé Guyomard, directeur du circuit Bugatti de 1971 à 2006. Une histoire qui s’est poursuivie en piste avec les fils et petit-fils d’André, avec notamment deux victoires de Thomas Robineau aux 24 Heures Camions sur la dernière décennie, en 2014 et 2018.

« Au départ, les concurrents utilisaient leur camion à la fois pour courir au Mans le week-end et pour repartir sur la route le lundi », indique Fabien Calvet, vainqueur des 24 Heures Camions 1996 et président de la commission camions à la Fédération Française du Sport Automobile (FFSA). Avec un souvenir cocasse qui fait encore sourire Hervé Guyomard aujourd’hui : « au tout début se déroulait une épreuve de régularité et de consommation, où un camion devait tirer un chargement de 24 tonnes de placoplatre. Il s’est renversé deux fois sur la piste, au niveau du Garage Vert, ce qui m’a permis de récupérer 50 tonnes de placoplatre pour l’isolation du Musée des 24 Heures ! »

"Au circuit Bugatti, il y a un public pour chaque spectacle."
Hervé Guyomard, ancien directeur du circuit Bugatti

L’ossature du public des 24 Heures Camions est tout d’abord très spécifique. Pour Hervé Guyomard, « au circuit Bugatti, on peut dire qu’il y a un public pour chaque spectacle. Les 24 Heures Camions réunissent la famille du transport routier. Les spectateurs viennent avec épouses et enfants. D’ailleurs, les 24 Heures Camions sont peut-être la manifestation où l’on voit le plus grand nombre d’enfants. » Ce que confirme Fabien Calvet : « un chauffeur, qui passe beaucoup de temps en solitaire sur la route, vient sur les 24 Heures Camions en famille. Nous pratiquons d'ailleurs la gratuité pour les moins de 16 ans. C’est un public différent des 24 Heures du Mans et des 24 Heures Motos. On n’y vient pas seulement pour les courses, mais pour vivre l’événement dans sa globalité. Je dirais que 70% des gens qui viennent sur les 24 Heures Camions forment un rassemblement de la communauté des transports routiers : chauffeurs, mécaniciens, logisticiens, les soixante plus importants transporteurs de France, les constructeurs qui viennent également y présenter leurs nouveautés... »

« Ma plus grande satisfaction, avec Pierre Dubois (directeur général de Wheels Racing, promoteur du Championnat de France Camions FFSA, NDLR), c’est la création du village de l’emploi, poursuit Fabien Calvet. Je me souviens d’un spectateur qui avait posté quatre photos sur les réseaux sociaux, en disant que non seulement il avait passé un super week-end, mais qu’il avait aussi trouvé du travail. Mais au fil des études, on constate que le nombre de spectateurs augmente, avec aussi des gens extérieurs à la communauté des transports. Par exemple, des pilotes qui passent du GT4 au camion, pour des raisons de coût et d’accessibilité. »

"En 2024, nous avons réuni les trois plateaux majeurs des compétitions camions en Europe."
Fabien Calvet, président de la commission Camions de la Fédération Française du Sport Automobile

Incontournables en tant que lieu de rendez-vous de la grande communauté des métiers du transport routier, les 24 Heures Camions le sont tout autant en piste, avec le Championnat de France FFSA, le Championnat d’Europe (FIA ETRC), une course nocturne, et l’arrivée en 2024 du Championnat d’Angleterre (BTRC). « Nous avons ainsi réuni les trois plateaux majeurs des compétitions camion en Europe, indique Fabien Calvet. Nous avons trouvé un modèle économique qui nous a permis de le faire et c’était aussi un rêve pour les Anglais, car pour eux, Le Mans, c’est Le Mans ! Depuis 2023, nous organisons une course de nuit, qui a rencontré un énorme succès auprès du public comme des concurrents. » Avec une source de fierté supplémentaire :  « Mon fils Téo l'a remportée deux ans de suite, ce qui lui a valu la victoire finale lors des deux dernières éditions des 24 Heures Camions, toujours avec ce goût particulier propre au Mans. »

Dans leurs premières années d’existence, les 24 Heures Camions se déroulaient tous les deux ans. Ce décalage temporel initial leur vaut de fêter leur 40e édition en 2025. Avec déjà quelques envies pour Fabien Calvet : « Nous aimerions faire venir des pilotes qui ont marqué l’histoire des 24 Heures Camions, comme Steve Parrish, Noël Crozier ou encore Gérard Cuynet. Et aussi ramener au Mans quelques camions d’époque ». Cet anniversaire battra-t-il le record de fréquentation de l’édition 2024 ? Nul doute qu’une fois encore, le spectacle sera plus grandiose que jamais, dans l’enceinte du circuit Bugatti comme sur la piste, les 20 et 21 septembre 2025.

PHOTOS - De haut en bas, quatre instantanés des 24 Heures Camions 2024 : très gros succès depuis deux ans, l'introduction de la compétition en nocturne a constitué une nouvelle évolution majeure des 24 Heures Camions ; dans l'enceinte du circuit, les camions décorés font partie intégrante du grand spectacle du week-end ; vainqueur des deux dernières éditions, Téo Calvet visera une troisième victoire consécutive en 2025.