Le Mans - Roulage des collectionneurs : Henri Pescarolo et la Courage C52/3
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Le Mans - Roulage des collectionneurs : Henri Pescarolo et la Courage C52/3

Lors du dixi

10e Roulage  des collectionneurs : Henri Pescarolo et la C52/3

 

Photo : Marc LAFFEAS/ ACO

 

Rencontrer personnellement Henri Pescarolo est un moment chargé d’émotion pour plusieurs générations de Français et d’Etrangers. Pilote emblématique de l’épopée Matra au Mans, marque avec laquelle il signa trois succès d’affilée aux 24 Heures du Mans entre 1972 et 1974, Henri Pescarolo a marqué l’histoire du sport automobile, que ce soit en F1/F2 ou au 24 Heures du Mans. Cette course mythique, il l’a disputée à 33 reprises pour les plus grandes marques (un record), l’a remportée quatre fois ( avec la victoire de 1984 sur Porsche 956C du Joest Racing), mais il a surtout pu y exprimer sa ténacité et sa science de la course. Des qualités indiscutables qui ont participé à la légende des 24 Heures du Mans à l’image de son épopée sous la pluie et sans essuie-glace en septembre 1968 sur une Matra MS 630 ou encore de sa réparation en piste sur la Sauber Mercedes C9 de 1987 alors que l’équipe avait déjà prononcé l’abandon de la voiture avant d'être réintégrée en course grâce à ses efforts..

Lors du 10e Roulage des collectionneurs, Henri Pescarolo était venu rencontrer les membres de l’ACO collectionneurs avec une voiture emblématique de son histoire d’amour avec Le Mans : la Courage C 52 qui termina 4e des 24 Heures du Mans 2000 sous la bannière Pescarolo Sport mais qu’il ne conduisit jamais en course puisqu’elle marquait sa reconversion de pilote des 24 Heures en patron d’équipe de course.

Un véritable comble pour ce metteur au point hors pair. Henri confesse malgré tout en avoir effectué les premiers tours de roues : « Je l’ai conduite ainsi avec son moteur Peugeot-Sodemo au tout début de ma nouvelle vie de patron d’écurie en 2000, mais je préférais voir mes pilotes s’aguerrir à son volant afin de leur donner le maximum de temps de pilotage compte tenu des délais ». Henri Pescarolo est avant tout un compétiteur, et si les résultats obtenu entre 1996 et 1999, éditions lors desquelles il s’était un peu aguerri en tant que team manager tout en continuant à piloter, vous démontreront les qualités de sa méticuleuse méthode pour bien préparer les 24 Heures du Mans, son passage comme directeur d’équipe sera aussi très emprunt de cet objectif permanent de ne pas transiger sur la performance de l’équipage, quitte à mettre sa passion du pilotage de côté, lui qui peut aussi réaliser des prouesses aux commandes d’un hélicoptère *

En 1999 pour sa 33e et dernière participation, il décrocha une 9e place au volant du même châssis que celui de cette C52/3 mais alors équipée d’un flat 6 Porsche, qu’il partageait avec Michel Ferté et Patrice Gay. Henri Pescarolo s’était ensuite résigné à raccrocher le casque pour mieux convaincre ses sponsors de s’engager à ses côtés . C’est ainsi qu’un V6 Peugeot dérivé de la Peugeot 607 et modifié chez Sodemo à Magny-Cours prenait place sous le capot « vert » de la Courage C52/3. La n°16 allait défendre officiellement les couleurs de la nouvelle écurie Pescarolo Sport lors de la 68e édition des 24 Heures du Mans.

Le passage des 24 Heures du Mans dans le 21e siècle s’accompagnait ainsi d’une profonde mutation de la relation d’Henri Pescarolo avec la reine des courses d’endurance. Après avoir participé à la détection de jeunes pilotes en tant que délégué sportif à la Filière Elf, emmenant plusieurs années de suite, au Mans, de jeunes pousses du sport automobile répondant aux noms de Franck Lagorce, Franck Montagny, Jean Philippe Belloc, Emmanuel Collard… Henri allait confier à un autre petit jeune de la Filière Elf en devenir, Sébastien Bourdais, sa première opportunité de se battre pour la victoire au général lors des 24 Heures du Mans avec Olivier Grouillard et Emmanuel Clérico à ses côtés sur une Courage-Peugeot inédite, avec le succès que l’on sait.

Légèrement modifiée après la course pour pouvoir donner des baptêmes de piste, la C 52/3 dut se contenter de ce palmarès pour le moins éloquent, 4e au général derrière les trois Audi R8 officielles. « La voiture est restée en l’état depuis 2000 et n’a pas participé à d’autres courses, elle n’est ressortie qu’à l’occasion d’un roulage pour Michelin en 2008 à Roanne, car en 2001 nous sommes passés aux C60 qu’on a fait évoluer pendant plusieurs années » confie Henri qui tient à souligner " le moteur qui équipe le C52/3 est le même qui a permis à Sébastien Loeb de remporter Pikes Peak en 2013, il dispose d’un couple phénoménal. C’est d’ailleurs d’un de ces moteurs, prêté par Pescarolo Sport, dont s’est servi Peugeot pour commencer le travail sur la future 908, mais c’est une autre histoire."

Si une exhibition de quelques tours était initialement prévue lundi 20 octobre de 14 heures à 14 h 10, la pluie viendra finalement compromettre le roulage d’Henri Pescarolo « Pas question de prendre le moindre risque sur piste humide avec des pneus slicks dont la gomme a considérablement durci en 10 ans sans compter les deux turbos qui vous assène toute la puissance du V6 de 3,2 litres sans ménagement sous la pluie. Je n’ai pu conserver que cette voiture, alors prudence » déclarait Henri quand même frustré de devoir renoncer non sans avoir cherché une solution de dernière minute pour trouver des pneus pluie. Un avis que ne pouvait que partager, Thierry Demazeau, un ancien de chez Courage Compétition "entré en religion chez les verts" en 2000 et qui assurait l’assistance de cette invitée surprise du 10e Roulage des collectionneurs.

Le bolide vert aura malgré tout pu enchanter par le chant rauque de son V6 les membres ACO présents le 20 octobre en s’élançant depuis la voie des stands pour rejoindre la traditionnelle photo de famille après la passerelle Dunlop.  Une descente du Dunlop désormais plus tortueuse et bien différente de la ligne droite qu' empruntaient Sébastien Bourdais, Olivier Grouillard et Emmanuel Clérico en 2000 pour rejoindre les "Esses" de la Forêt.

à suivre demain : Henri Pescarolo et sa Triumph TR3

* Henri Pescarolo a participé le 28 septembre au meeting aérien des Ailes du Maine, en face du circuit des 24 Heures du Mans, enchantant le public par ses acrobaties aérienne aux commandes de son propre hélicoptère. Formé par l'un des meilleurs pilotes d' hélicoptères instructeur de L'ALAT, Henri Pescarolo sait aussi approcher les limites en pilotant un hélicoptère en toute maitrîse.

Marc LAFFEAS / ACO

Photo : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT BUGATTI, 10e ROULAGE DES COLLECTIONNEURS , LUNDI 20 OCTOBRE 2014. Henri Pescarolo reprend le volant de sa COURAGE-PEUGEOT