60 ans du circuit Bugatti – Bugatti, une légende, une passion, un circuit
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60 ans du circuit Bugatti – Bugatti, une légende, une passion, un circuit

Sorti de terre en 1965 et inauguré en 1966, le circuit Bugatti porte le nom de l’un des constructeurs français les plus prestigieux de l’histoire de l’automobile, qui plus est deux fois vainqueur aux 24 Heures du Mans. Et aussi incarnation d’une passion de longue date de Jean-Marie Lelièvre, Président de l’ACO à cette époque.

Pour un circuit permanent basé sur la terre d’accueil des 24 Heures du Mans, l’une des compétitions les plus connues au monde tous sports confondus, il faut un nom au diapason. Ce sera Bugatti, l’un des symboles du luxe et de la performance sportive extrêmes. Car, selon le mot du fondateur Ettore Bugatti, « rien n’est trop beau, rien n’est trop cher ». La marque avait disparu du paysage automobile mondial au début des années 1950, après le décès d’Ettore Bugatti, alors que son fils et successeur désigné Jean avait trouvé une mort prématurée en 1939, à seulement trente ans.

Jean-Marie Lelièvre et Bugatti, une relation privilégiée

Pour Jean-Marie Lelièvre, la passion Bugatti connaît de multiples visages pendant l’entre deux-guerres mondiales : comme partenaire, car assureur de la marque en tant que directeur de la Mutuelle Générale Française – ce qui lui vaut d’entretenir des relations amicales avec Jean Bugatti – et aussi propriétaire de deux modèles.

Jean-Marie Lelièvre fait tout d’abord l’acquisition d’une Type 13 Sport. Conçue par Ettore Bugatti et présentée au salon de l’automobile de Paris 1910, elle se taille un joli succès commercial et sportif. En 1920, elle remporte au Mans la coupe des Voiturettes, aux mains de l’Alsacien Ernest Friderich. La Type 13 Sport est aussi la première Bugatti à arborer la fameuse calandre en forme de fer à cheval. Ce clin d’œil à la passion d’Ettore Bugatti pour les sports hippiques figure encore aujourd’hui sur les hyper sportives Veyron, Chiron, Divo, Centodieci et autres Bolide.

Jean-Marie Lelièvre se sépare de sa Type 13 Sport au profit de la Brasier Sport familiale peu après son mariage, désireux de faire bonne figure auprès de sa belle-famille, qui trouvait cette Bugatti peu appropriée à un homme souhaitant fonder une famille.

Par la suite, il acquiert au début des années 1930 une Type 57. Conçue par Jean Bugatti et présentée au salon de Paris 1933, elle est l’un des plus beaux fleurons du luxe et de la performance voulus par Bugatti père et fils à cette période. Pilote parmi les meilleurs de l’entre deux guerres mondiales, victorieux aux 24 Heures du Mans 1937 sur Bugatti, le Français Robert Benoist offre même à Jean-Marie Lelièvre un essai et de précieux conseils pour sa Type 57 dans les rues de Molsheim, fief alsacien de la marque.

Bugatti au Mans, le retour

Trois décennies plus tard, alors qu’il est depuis 1951 président de l’ACO, Jean-Marie Lelièvre n’a pas oublié ses liens d’amitié avec Jean Bugatti et propose au comité directeur de baptiser le tracé permanent du Mans du nom d’Ettore Bugatti – on le désignera par la suite circuit Bugatti. Ce choix enthousiasme notamment Jacques Finance : le président de la Commission sportive de l’ACO a porté ce projet en compagnie de Jean-Marie Lelièvre et lui-même piloté plusieurs Bugatti dans sa jeunesse.

En 1966, pour l’inauguration officielle du circuit, Jean-Marie Lelièvre invite L’ébé, la fille d’Ettore – la singularité de ce prénom trouve son origine dans les initiales d’Ettore Bugatti – ainsi que  Pierre Veyron, auteur de la deuxième victoire de Bugatti aux 24 Heures en 1939 associé à Jean-Pierre Wimille, déjà coéquipier de Robert Benoist lors du premier succès manceau de la marque deux ans plus tôt.

Il faut à nouveau attendre près de trente ans après la naissance du circuit qui porte son nom avant de retrouver Bugatti en piste dans le cadre d’une compétition automobile au Mans. La marque est relancée à la fin des années 1980, avec la naissance du modèle EB110, présenté le 10 septembre 1991, jour du 110e anniversaire de la naissance d’Ettore Bugatti.

Cette voiture dispute trois ans plus tard les 24 Heures du Mans à l’initiative du patron de presse français Michel Hommell. Parmi ses pilotes figure l’un des vainqueurs de l’édition 1993 : le Français Eric Helary, qui partage le volant de cette EB110 frappée du numéro 34 avec ses compatriotes Jean-Christophe Boullion et Alain Cudini. Puis le 110e anniversaire de la création de Bugatti est célébré dans le cadre de l’édition 2019 des Classic Days, où plusieurs modèles prennent la piste du circuit dont le nom célèbre l’histoire.

PHOTOS : Trois images pour l'histoire de Bugatti au Mans. En haut (D.R. / ARCHIVES ACO), le drapeau à damier de la deuxième victoire aux 24 Heures du Mans 1939 ; au centre (D.R. / ARCHIVES ACO), le retour de la marque sur le circuit des 24 Heures 55 ans plus tard avec l'EB110 ; ci-dessous (MICHEL JAMIN / ACO), deux Bugatti se préparent à prendre la piste qui porte leur nom lors des Classic Days en juillet 2019.